Tennis : Une vague de paris truqués dans les tournois mineurs

Lundi 14 janvier 2019, deux jeunes joueurs de tennis français ont été arrêté et mis en garde à vue. Jules Okala et Mick Lescure ne sont pourtant pas des joueurs de premier plan. Leur meilleur classement ATP respectif est 381° (en 2016) et 487° (en 2017). Et ils sont habitués des circuits challenger et future (deuxième et troisième niveau mondial). Ils sont pourtant soupçonnés d’avoir pris part à une importante organisation mondiale de corruption sportive entre 2015 et 2018.

Une longue enquête, un réseau international

Tout a débuté en 2015. Quand la commission des jeux de hasard belge a été informée des agissements d’Arméniens installés en Belgique. L’enquête a débouché, en juin 2018, sur un large coup de filet soutenu par Europol. Avec des perquisitions en Belgique, mais aussi en France, en Allemagne, en Bulgarie, en Slovaquie, aux Pays Bas et aux États Unis. Ce premier coup de filet a conduit à l’arrestation de 13 personnes en Belgique et de 2 autres aux Pays Bas.

Ce n’était là qu’un premier coup de filet, car, le 6 janvier 2019, en Espagne cette fois, la guardia civil annonçait un nouveau rebondissement. Celui-ci serait lié au premier. Cette fois ce ne sont pas moins de 83 personnes dont 28 joueurs qui ont été arrêtés.

Les deux joueurs français arrêtés lundi seraient liés au même réseau. Un réseau international auquel serait mêlé pas moins de 127 joueurs professionnels. Et les arbitres ne seraient pas épargnés. Mais n’allez pas chercher ici des têtes d’affiche de la petite balle jaune et du circuit ATP : les tournois de niveau secondaire sont, ici, essentiellement victimes. D’ailleurs, en avril dernier, un rapport de la Tennis Integrity Unit (TIU) estimait que si tous les niveaux étaient touchés par les matchs truqués, c’était un véritable « tsunami » qui s’abattait sur les tournois Challenger et Future.

Un système rodé en lien avec les paris sportifs

Ce n’est, bien sur, pas un hasard si les niveaux inférieurs sont touchés. Il est extrêmement dur de juger d’un résultat surprenant. Il est, en effet, impossible de connaître la motivation et de la forme d’un joueur. Paramètres pouvant expliquer un mauvais résultat. Il est encore plus dur de faire un tel jugement lorsqu’il n’y a pas possibilité de visionner les matchs. Hors ces tournois ne donnent généralement pas lieu à des tournages de vidéo. Ces tournois sont, également, dotés de gains bien moins importants que le circuit ATP. Ce qui rend la corruption encore plus facile et moins onéreuse.

Les personnes d’origine arménienne interpellées en Belgique en juin possédaient presque toutes des profils similaires. Sans revenus ni travail, insolvables. Ils utilisaient de l’argent mis à leur disposition dans des bureaux de paris afin de miser sur des tournois hors de Belgique. La multiplication de paris sur des matchs de tournois secondaires, à faible gain, était de nature à générer de gros profits discrètement. Des membres du réseau se rendaient sur place, dans les tribunes, pour s’assurer du respect de leurs engagements par les joueurs corrompus. Engagements qui, parfois, se résumaient à la perte d’un simple set précis, sur un score prédéfini.

Ne vous méprenez pas, si des match truqués sont évoqués sur les réseaux sociaux, n’y croyez pas, ce sont des fakes. Ces informations ne trainent évidemment pas sur les réseaux sociaux, nul besoin d’aller au bureau de tabac le plus proche pour valider un côte et match.



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